LE JOUR SE REFLÈTE SUR LE MIROIR OBSCUR DE LA NUIT
Candélabre de papier. Installation sculpturale et lumineuse complétée d'une création sonore.
Téhéran. 2014
J’ai tenté de réunir, en une forme simple, dans l’espace temporaire de la Galerie, divers aspects extérieurs de la culture traditionnelle et contemporaine de l’Iran, pariant sur le fait que l’enveloppe est toujours révélatrice de significations plus profondes.
Ma première idée est d’évoquer la forme si caractéristique des dômes de mosquée, par une réalisation légère qui utilise une structure périodique régulière, et la force gravitationnelle de la Terre.
Le sommet de la courbe vient doucement en contact avec le sol, en un point de tangence.
Le papier journal utilisé pour produire la forme devient un module à la fois spatial et temporel ; il a ses propres dimensions, et découpe le temps en jours, tout en apportant un contenu sociétal.
Les journaux, achetés et ajoutés chaque jour sans tenir compte du contenu des informations,
qui cohabitent ainsi sans hiérarchie, viennent témoigner des événements quotidiens.
La structure géométrique produite par la superposition des feuilles et l’effet de transparence évoque celle des tapis de style Gabbeh et celle des cloisons ajourées des moucharabiehs.
Cette fine couche d’informations a-t-elle valeur de talisman ? Est-elle l’un des 700 000 voiles qui nous séparent de l’état de clairvoyance ?
La couleur vient en contraste avec le noir, qui n’est que son absence. Elle joue avec la forme et avec l’espace, inscrivant fugitivement les silhouettes humaines sur la surface éphémère du papier journal, porteur d’informations si vite inactuelles / caduques.
Comme les vanités du XVIe siècle, cette installation incite à préserver l’essentiel : la qualité des instants partagés.
Pierre Laurent
Téhéran, 26 juin 2014.